HYPOTHESE

L’émotion est perçue comme un « motivateur », une entité qui influence le choix d’un individu en réponse à un stimulus externe ou interne.
Le monde du travail du XXIe siècle n’a pas grand-chose à voir avec celui que nos parents ont connu. Pas d’angélisme excessif : il y a cinquante ans, certains métiers étaient épuisants ou payés une misère. Mais le travail ne dévorait pas autant l’énergie psychique des salariés. Et les mots flexibilité, mondialisation ou autonomisation des travailleurs n’étaient pas encore en vogue.

Comment en est-on arrivé là ?

La mondialisation et ses effets

À force d’en entendre parler chaque jour, nous intégrons peu à peu l’idée d’une économie mondialisée où la concurrence fait forcément rage puisqu’elle vient de partout, et notamment de pays qui ne respectent pas les mêmes règles sociales que nous. Face à la déferlante chinoise, aux plombiers polonais et autres concurrents aussi lointains que diabolisés, les entreprises et les médias emploient volontiers un langage guerrier : il faut abattre son concurrent, «exploser» ses objectifs, maintenir ses positions. Les journaux décrivent la situation sur le «front» de l’emploi, comptant les victimes de cette mondialisation. Ce vocabulaire guerrier le martèle : quand c’est la guerre, il y a les gagnants et les autres, restés sur le carreau. À chacun de choisir son camp. D’ailleurs, cette violence-là se retrouve au niveau individuel. Pour s’en sortir dans ce monde, tout salarié est expressément invité à donner le meilleur de lui-même et à se dépasser. Comme s’il intégrait qu’à l’issue de ce combat il y aurait les survivants… et les autres.

Les nouvelles organisations du travail

Aujourd’hui, les entreprises ne prêchent plus que la flexibilité, et pas seulement dans les usines ! Cette réorganisation du travail a deux conséquences majeures : d’abord, elle oblige à une réactivité immédiate vis-à-vis du client. La relation commerciale y gagne, c’est vrai, puisque le client est satisfait. Mais, pour ceux qui travaillent et interrompent en permanence ce qu’ils font pour satisfaire les clients, c’est épuisant.

Aucun pays moderne n’y échappe.

Et surtout pas la France, championne toutes catégories de la consommation d’antidépresseurs et de tranquillisants. Notre pays entretient une relation ambiguë avec le stress. Quand la Suède l’a reconnu comme maladie professionnelle et que de nombreuses multinationales étrangères en tiennent compte pour éviter à leurs cadres le burn out, ce fameux syndrome d’épuisement professionnel, la France n’aborde guère le sujet autrement qu’autour de la machine à café. Ce mal reste tabou.

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